Fiches pratiques

Amateur vs Pro : Devinez Qui a Fait Quoi

par Antoine Mortreau • Vendredi 19 Septembre 2025


Une image peut sembler maîtrisée ou spontanée. Fruit d’années de pratique… ou d’un simple regard inspiré.


La photo, c’est l’un de ces terrains de jeu où l’illusion règne. On croit voir la patte d’un pro, et c’est en fait l’œuvre d’un amateur inspiré. On pense deviner l’inexpérience dans un cliché, et pourtant, c’est parfois le choix conscient d’un photographe aguerri. Des gestes simples comme supprimer arrière plan peuvent sublimer un cliché, révéler un sujet et donner à l’image une force inattendue.

Pourquoi ? Parce qu’une photo n’est pas qu’une affaire de technique. C’est un mélange étrange d’œil, de hasard, de patience, et d’un peu de magie.

 

Quand l’instinct bouscule la technique

Un amateur peut, par pure intuition, trouver l’angle parfait. Sans connaître la règle des tiers, il peut cadrer un sujet avec une fraîcheur désarmante.
Le pro, lui, a appris ces règles. Mais il doit parfois réapprendre à les oublier, un peu comme quand on apprend à utiliser Mac autrement, en explorant des gestes et des raccourcis que l’on négligeait jusque-là.

C’est ce qui brouille les pistes :

- La lumière tombant pile au bon moment dans la rue.

- Un sourire volé, naturel, capté avant qu’il ne disparaisse.

- Un cadrage “accidentel” qui devient une composition forte.

Qui a fait quoi ? Impossible à dire parfois.

 

Le rôle du matériel, ou son absence

On associe souvent le professionnel à du matériel haut de gamme. Reflex dernier cri. Objectifs lumineux. Accessoires coûteux. Mais la réalité est plus subtile.
Un smartphone récent, dans de bonnes mains, peut produire un cliché qui déroute même un œil averti.

L’amateur joue souvent avec ce qu’il a : un simple téléphone, un compact oublié dans un tiroir. Le pro, lui, peut volontairement revenir au minimalisme, parfois même utiliser un appareil jetable pour se remettre en danger.

Alors, peut-on encore juger une photo uniquement par son rendu technique ? Pas vraiment. Le grain, le flou, le bruit numérique peuvent être des défauts… ou des choix artistiques.

 

Le regard, cette arme invisible

La différence majeure ne se voit pas toujours sur l’image, mais dans la manière de regarder.
Un amateur photographie ce qui lui saute aux yeux. Un pro observe plus longtemps, cherche les lignes invisibles, la lumière cachée, les contrastes oubliés.

Mais attention : l’un n’est pas meilleur que l’autre. Le regard naïf capte parfois une sincérité brute, là où le regard expert peut tomber dans l’excès de perfection.

 

Quand la retouche brouille les cartes

Autre piège : l’édition numérique.

- Un amateur qui découvre une application de retouche peut transformer une photo banale en cliché saisissant.

- Un pro, lui, saura doser. Parfois, il choisira la sobriété, un traitement si discret qu’on croirait la photo brute.

Résultat? Un observateur extérieur peut facilement se tromper. Qui a joué avec les curseurs ? Qui a laissé la photo telle quelle ? L’illusion persiste.

 

L’histoire derrière l’image

Une photo n’est pas seulement un rectangle figé. C’est une histoire condensée. Et c’est souvent là que l’on distingue les approches.
L’amateur capture l’instant pour le souvenir. Une fête, un voyage, un moment intime. Le pro cherche à raconter quelque chose au spectateur, à guider le regard, à installer une ambiance.

Mais même là, les frontières se brouillent. Un amateur peut, sans le savoir, raconter une histoire puissante. Un pro peut, volontairement, privilégier le simple souvenir, délaissant le spectaculaire.

 

Les erreurs qui deviennent des styles

Le flou de bougé, la surexposition, l’horizon penché. Des erreurs classiques. Et pourtant, dans certains cas, elles deviennent un style recherché.
Ce qui, pour un amateur, est un raté, peut être, chez un professionnel, une signature.

Prenons l’exemple du flou :

- Chez l’un, c’est la main qui tremble.
- Chez l’autre, c’est une décision volontaire pour suggérer le mouvement.


La perception du spectateur

Au fond, la différence se joue moins dans la photo que dans l’œil qui la regarde.
Un spectateur initié repère parfois les subtilités : la gestion des ombres, l’intention derrière le cadrage, la patience d’une attente. Un spectateur non averti, lui, jugera au ressenti. “J’aime” ou “je n’aime pas”.

Et c’est peut-être là la vérité la plus simple : une photo réussie est celle qui touche, peu importe la main derrière l’objectif.

 

Quand le jeu devient un test

De plus en plus de concours ou d’expositions jouent avec cette ambiguïté. On montre deux photos, on demande : laquelle est l’amateur, laquelle est le pro ? Les réponses surprennent presque toujours.
Parce qu’en photographie, le statut ne protège pas du faux pas. Et l’absence d’expérience n’empêche pas l’éclat.

 

Conclusion

Au lieu de chercher qui a fait quoi, peut-être faudrait-il simplement regarder. Ressentir. Se laisser happer par l’image.
Une photo, qu’elle soit née d’un réflex haut de gamme ou d’un smartphone un peu cabossé, n’a de valeur que par l’émotion qu’elle transmet.

Alors, amateur ou pro… est-ce vraiment important ?

 



A lire également :